Sur le pont camarade

TRUMP d’Alain Badiou (PUF, Janvier 2020)

Plutôt qu’un symbole TRUMP est un symptôme.

Il est des livres qui nous permettent de comprendre ce qui nous semblait auparavant incompréhensible, de répondre à des questions qui nous semblaient sans réponse et au bout du compte d’éprouver l’agréable sentiment d’être plus intelligent qu’avant. Pour moi l’essai d’Alain BADIOU intitulé sommairement « TRUMP » (PUF. Janvier 2020. 100 pages) en fait partie.

Avec la crise sanitaire du COVID 19 les déclarations surréalistes et absurdes de dirigeants de grand pays comme les USA et le BRESIL ou dans une moindre mesure l’ANGLETERRE, TRUMP, BOLSONARO, JOHNSON, mettent encore plus en lumière l’inculture, la bêtise, l’irresponsabilité de ces personnages qui ferraient rire, dans d’autres circonstances, s’ils n’étaient pas à la tête de puissants états. L’État le plus puissant économiquement et militairement, le plus développé scientifiquement, s’est donné pour président le modèle le plus caricatural Donald TRUMP.

A la (ma) question : «  Comment le peuple américain a-t-il pu élire président un dangereux abruti pareil et comment pourrait- il le réélire, peut-être, en fin d’année ? », A. BADIOU nous donne des réponses à cette question angoissante en démontrant que TRUMP n’est ni un avatar, ni le fruit d’un concourt de circonstance, ni une erreur de casting. Il n’est pas un phénomène isolé dans le temps et dans le monde, il est le produit d’un processus.

Il établit dès le début de sa démonstration son diagnostic : « Les esprits éclairés aiment à se moquer de Donald TRUMP. Il serait le symbole d’une forme de stupidité politique qui n’attendrait que le réveil des gens de bonne volonté pour s’évanouir comme un mauvais rêve. Rien n’est plus faux. Plutôt qu’un symbole, TRUMP est un symptôme : celui de la disparition de la politique… ».

La disparition de la politique (dans le sens du débat d’idées) est elle-même le fruit :

1° De la violence sans bornes du capitalisme aujourd’hui hégémonique et du repli sur l’individuel par rapport au collectif.

2° De la décomposition de l’oligarchie politique classique, avec les partis historiques dit « de gouvernement » droite, social démocratie…

3° De la frustration populaire, une crainte de l’avenir, le sentiment d’être coincé dans une impasse (les gilets jaunes).

4° De l’absence, ressentie par le plus grand nombre, d’une alternative crédible au capitalisme actuel et de forces capables de construire une autre société plus juste et plus humaine.

A. BADIOU établit le constat et propose des pistes pour inverser le processus.

J.F. M.

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