Superbe exposition de cette œuvre dans l’église désacralisée, qui permet de souligner par un jeu savant d’ombre et de lumière, très symbolique, les souffrances quelques fois extatiques de ces femmes
Le 20 septembre nous renouvelions notre expérience éduc pop : commencée en janvier dernier, déjà pour visiter l’expo de Ernest Pignon Ernest au Palais des papes, nous nous sommes retrouvés à 10, mesures sanitaires obligent, pour profiter de la dernière journée d’exposition des Mystiques de Ernest Pignon Ernest à l’église des Célestins.
Voir « Les Mystiques » mise en lumière est déjà un fait rare. Créer en 2008, elle n’a été exposé que six fois, dont une déjà à Avignon à l’église St Charles. Elle ne l’est, à chaque fois, que dans des lieux de cultes désacralisés. “Les Mystiques” trouvent toute leur place dans cet église bâtie en 1393 dont les sols ont été repris et les peintures de la Nef confortées en 2019.
Lieu maintenant dédié aux expositions, l’Église des Célestins est un écrin particulièrement adapté pour accueillir les Mystiques. L’œuvre est installée dans le Chœur, sur un miroir d’eau, et de savants jeux de lumières alternent sa mise en lumière entre clarté et obscurité.
Elle est composée de 8 dessins d’environ deux mètres de hauteur de représentation de femmes entre extase et souffrance, et d’un collage, caché dans une alcôve représentant le Christ. Ces femmes sont désignées comme étant les Mystiques qui à l’instar de Thérèse d’Avila ont laissé dans leurs écrits (ou dans les témoignages de leur vie parvenu jusqu’à nous) la traces d’extases, de jouissances en relation avec leur vie spirituelle conjuguée à une grande souffrance voire à de la folie.
Ernest Pignon Ernest dessine alors des femmes aux membres un peu plus longs que la proportion du corps ne l’aurait voulue, accentuant ainsi le don de soi mais aussi la souffrance suggérée.
Il faut saisir cette dualité entre extase et douleur pour comprendre la mise en scène qui accompagne les Mystiques : de la noirceur insondable du miroir d’eau qui renvoie si chaleureusement le reflet des Saintes. C’est également ainsi qu’il faut comprendre l’alternance entre ombre ténébreuse et lumière mystique.
C’est cette souffrance humaine qui relie “extases les Mystiques” au reste de l’œuvre de l’artiste.
Ernest Pignon Ernest est en effet un artiste engagé, il signe d’ailleurs la couverture du livre « Communistes, 100 ans d’histoire en Vaucluse » rédigé par un collectif militant.
Merci à notre guide Delphine B qui en répondant à nos questions a pu aiguiller notre regard. En toute chose, nous avons besoin d’un « passeur ».
Pour en savoir plus : https://www.enrevenantdelexpo.com/2020/02/28/ernest-pignon-ernest-extases-mystiques-celestins-avignon/