Sur le pont camarade

Sécurité, une demande légitime des citoyens, mais des réponses du gouvernement qui seront sans effet, comme les précédentes.

Le meurtre du policier Eric MASSON survenu le 5 mai à AVIGNON en plein jour, au centre ville, ne peut que nous indigner, nous révolter.

Hommage nationale à Eric Masson

Passé le temps de l’émotion, du recueillement, en soulignant, que la famille, très digne, a exclu toute récupération politique, le temps est venu de la réflexion et des propositions pour que cela ne se reproduise plus.

Récupération politique ? Nous la constatons à longueur de déclarations, d’émissions de télévision, de radio, d’articles de journaux, jusqu’à l’écœurement. Évidemment avec l’extrême droite qui se frotte les mains en voyant prospérer son fond de commerce. Avec la droite qui fait dans la surenchère, alors que de PASQUA qui terrorisait les terroristes à SARKOZY qui nettoyait les quartiers difficiles au karcher, son bilan est tout simplement calamiteux. Avec le gouvernement, bien sûr, qui nous assure parvenir à régler le problème avec de nouvelles lois qui augmentent les peines encourues, avec 10 000 policiers supplémentaires et des milliers de places de prison en plus. Chacun y va de ses propositions sécuritaires sensées pacifier les banlieues et éradiquer le trafic de drogue.

En fait rien de bien nouveau avec ce qui a été fait précédemment et qui n’a pas marché. Originalité : SARKOZY, lui a baissé les effectifs de la police (austérité oblige) et supprimé la police de proximité et ça a encore moins bien marché.

Pourquoi ça ne marchera pas plus demain qu’hier et aujourd’hui ?

Regardons d’abord les réponses que veut apporter le gouvernement.

1° : Des policiers supplémentaires, très bien, encore faudrait-il qu’ils soient présents, en permanence auprès des habitants, notamment dans les quartiers difficiles et pas seulement à l’occasion d’opérations « coup de poing » avec les B.A.C. Les maires, notamment communistes, ne sont pas les derniers à réclamer plus de présence policière (effective) dans leur ville au regard de l’insécurité très mal vécue par les populations qui habitent les quartiers abandonnés par l’État.

2° : Des places de prisons supplémentaires, bien sûr si l’on se réfère à la surpopulation existante (103 % d’occupation en moyenne jusqu’à 120% pour les courtes peines ou en attente de jugement avec au total environ 62 000 détenus), mais quel aveu d’échec si la seule réponse proposée pour les jeunes qui basculent dans la délinquance est la prison dont ils sortiront endurcis et sans perspective de réinsertion !

3° : Des peines plus lourdes appliquées véritablement et immédiatement, elles se rajouteront aux dizaines de textes de lois déjà adoptés depuis des décennies et allant dans le sens du durcissement des sanctions. Encore faudrait-il que la justice ait les moyens matériels et surtout humains de répondre à la demande. Contrairement aux affirmations de la droite et de son extrême ainsi que celles des syndicats de police qui occupent en permanence les plateaux de télévision, la justice n’est pas laxiste, elle est submergée. Elle applique la loi mais sans moyens, notamment humains, à la hauteur (comme le réclament depuis très longtemps les syndicats de magistrats, de greffiers ou d’agents). La justice fait « comme elle peut » et souvent dysfonctionne. Par exemple avec la protection des femmes en danger menacées par leur conjoint.

En matière d’alourdissement des peines pour agression/meurtre d’un policier, la loi prévoit déjà une qualification pénale aggravante pour toute agression d’un agent chargé d’une mission de service public et que l’automatisation des peines est un principe anticonstitutionnel qui a été retoqué avec les « peines plancher » de SARKOZY.

On voit déjà que rien qu’au niveau des propositions gouvernementales, sans police de proximité, sans peine de substitution éducative pour les primo délinquants, sans moyens supplémentaires importants pour la justice, pas d’amélioration.

D’autre part, la peur du policier, de la prison de longue durée et même celle d’une mort prématurée (la plupart des caïds de la drogue ont une espérance de vie réduite) ne dissuadent pas un délinquant qui considère qu’il n’a rien à perdre (puisqu’il n’a rien) et tout à gagner (parfois des milliers d’euros tous les mois) en « s’investissant » dans le trafic de drogue. Qui peut soutenir que l’allongement annoncé de la peine de sûreté pour les auteurs de crimes visant des membres des forces de l’ordre aurait dissuadé le meurtrier d’Avignon ? (Journal Le Monde du 14/05/21)

Posons nous maintenant les bonnes questions, quelles sont les véritables causes de la délinquance, des violences, des incivilités ? : Pauvreté , précarité, chômage, discrimination, ghettoïsation, abandon de l’État, disparition des services publics, dégradation de l’école, atomisation des familles. Les grands théoriciens médiatiques et responsables politiques de la sécurité qui n’ont que l’échec et son constat comme bilan, nous répondrons que nous voulons victimiser, excuser les délinquants. Non ! Nous voulons être efficaces et améliorer la sécurité des citoyens, mais pas qu’en paroles. La stigmatisation permanente des émigrés, récents ou des Français issus de l’immigration, en les réduisant à un vivier de délinquants, en les accusant d’être à l’origine de tout nos problèmes est un bon calcul politique qui remplit les urnes mais, au-delà de son caractère injuste, un très mauvais choix pour l’avenir de notre pays puisqu’elle exclut, de fait, une partie importante de notre nation.

Les recettes miracles des experts officiels de droite et d’extrême droite sont mises en œuvre depuis longtemps dans le pays qui est leur référence : Les USA. Des policiers partout, bien armés, qui n’hésitent pas à utiliser la force, à tuer (surtout si le suspect appartient à une minorité) des peines de prison rapidement appliquées (pour les pauvres) et très sévères qui se cumulent et se comptent parfois en siècle, un nombre de prisonniers (autour de 2 millions ) qui constitue un record du monde (loin devant la RUSSIE et La CHINE), la peine de mort dans certains états et même l’armée (la garde nationale) qui intervient en cas de troubles graves à l’ordre public. Ca devrait être le paradis sur terre ! Et bien non ! Les USA sont le pays (comparable avec le notre) où il y a le plus de crimes et délits, où la drogue fait des ravages, où les tueries aveugles sont récurrentes et où une cinquantaine de policiers sont tués chaque année (environ 10 fois plus qu’en FRANCE pour une population seulement 5 fois plus importante). Et pourtant c’est le modèle que Mme LE PEN fervente admiratrice de D.TRUMP voudrait importer chez nous.

Il se trouve que les USA sont le pays où il y a le plus d’inégalités, d’absence de protection sociale pour un grand nombre, de discriminations, de précarité, d’armes à feu en circulation. Ceci explique donc cela.

En conclusion si les mesures sécuritaires sont les seules réponses apportées à l’insécurité, aux crimes et délits, aux incivilités, si les questions sociales, éducatives, urbanistiques, sanitaires (avec la psychiatrie et la prévention des addictions aux drogues) ne sont pas traitées efficacement et de façon massive au regard des abandons et des reculs accumulés, la sécurité ne gagnera pas du terrain, au contraire. Malheureusement les logiques de profit et de consumérisme portées par le capitalisme ne vont pas dans ce sens. Comme pour l’écologie, la justice sociale ou l’égalité des chances, la sécurité est incompatible avec la loi du marché. Mme L. PARISOT, présidente du MEDEF, avait répondu aux syndicats qui réclamaient la sécurisation des emplois, que même en amour il n’y a pas de sécurité, alors vous pensez bien pour le reste…Faut pas rêver !

JFM

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