Le 29 avril, la secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, nous annonce avoir trouvé un accord avec la grande distribution concernant la vente de masques de protection au grand public.
UN ACCORD !!!
Ces masques, cette denrée rare que l’on avait du mal à se procurer. Ces masques si indispensables aux personnels soignants et à leurs patients. Ces masques que des couturières de villages étaient appelées à fabriquer bénévolement pour pallier le manque. Ces masques dont on pouvait trouver des tutos de toute sorte sur Internet. Ces masques que les gens dans la rue ou au supermarché arboraient avec fierté !!! Eh bien oui, aujourd’hui on n’en découvre pas moins de 500 millions qui vont pouvoir être vendus à prix d’or dans les grandes surfaces.
Étonnant quand on nous rabâchait les oreilles avec cette pénurie. On interdisait même aux pharmaciens d’en distribuer à la population. Ils ne demandaient pas pour une distribution généralisée, mais au moins ciblée pour les patients les plus fragiles ou même sur ordonnance. Ils ont même été contrôlés régulièrement par la Direction Générale de la Concurrence pour vérifier qu’ils ne dépassaient pas d’un centime le prix limite de vente des solutions hydro alcooliques, et qu’ils ne vendaient pas de masques.
Les couturières ont été appelées à l’aide pour fabriquer ces masques et ainsi fournir ceux qui en avaient le plus besoin et ainsi pallier au manque. Elles ont dû travailler bénévolement et puiser dans leurs stocks pour participer à l’effort national. Un vrai réseau de distribution s’est alors organisé dans les villages et autres quartiers. Mais aujourd’hui tout ça n’est plus possible, il faudrait qu’elles fassent homologuer leurs modèles dans des labos. Mais bien sûr elles n’ont pas les moyens de se payer ces tests. Leur colère est bien légitime quand, après un mois et demi de travail, on leur dit qu’elles ne sont pas capables de lire un patron et de fabriquer des masques qui respectent les normes AFNOR !!! Pendant ce temps où tout le monde était sur le pont pour essayer de fournir les personnels soignants en première ligne, la grande distribution faisait ses stocks et négociait avec Bercy.
“Nous sommes en guerre”, nous disait-on au plus haut de l’État. Alors les professionnels de santé ont assumé leurs missions “au nom de l’idéal de santé publique qu’ils défendent”. Mais la mission de l’État n’est-elle pas de protéger ses enfants, ses soldats en première ligne ? On s’aperçoit aujourd’hui que cette guerre profite encore une fois aux grands groupes, ceux qui sont prêts à faire de l’argent sur notre dos puisqu’on nous dit maintenant qu’à partir du 11 mais nous devrons toutes et tous sortir masqués. Et l’indécence va jusqu’à la surenchère du nombre : 90 millions par ci, 225 millions par là !!!
Aujourd’hui, je suis choquée par tant de mépris envers le personnel soignant, envers les couturières, envers tous les professionnels en contact avec le public, et bien sûr envers la population. Où étaient ces masques quand les soignants et leurs patients risquaient leur vie au quotidien par manque de protection ? De qui se moque-t-on ? A qui profite cette gestion calamiteuse ? Il viendra le jour où des comptes devront être rendus et où des responsabilités devront être trouvées. Ce jour-là nous nous rappellerons de ce fiasco qu’on a essayé de masquer.
A.C. L