Sur le pont camarade

Les femmes, premières victimes de la crise sanitaire

Aujourd’hui, à l’heure du confinement, on voit la hiérarchie sociale des métiers complètement bouleversée. Des métiers qui apparaissaient dévalorisés ou à faible reconnaissance sociale comme les aides-soignantes, les aides à domicile, les hôtesses de caisses, sont aujourd’hui essentiels au bon fonctionnement du pays. Une grande partie de ces postes traditionnellement peu considérés et sous-rémunérés sont occupés par des femmes. Ils sont souvent exercés à temps partiels et on considère encore à l’heure actuelle que les compétences utiles à ces fonctions sont essentiellement des compétences naturellement féminines.

On ne peut donc que constater que les femmes sont en première ligne dans la gestion de la crise et sont évidemment plus exposées au virus : 70% du personnel hospitalier et même 90% pour les infirmières et aides-soignantes, des pourcentages aussi élevés pour les hôtesses de caisses. Et elles crient tous les jours leurs besoins de matériel, leurs besoins humains, leurs besoins de reconnaissance et de salaires décents. Elles ont alerté bien avant cette crise dans les manifs, depuis des mois, mais qui s’en souciait ? Qui les écoutait ? Pas le gouvernement en tout cas, que ça n’a pas empêché de poursuivre sa casse de l’hôpital public.

On peut constater qu’après ce bel élan citoyen des remerciements aux balcons et fenêtres de la population, vient une période beaucoup plus sombre où on se permet de demander, ou d’ordonner à grand renfort de menaces, aux infirmières de quitter leurs logements par peur de la contamination. Ce n’est pas soutenable dans cette période où la solidarité devrait être la seule valeur acceptable. Ces attaques viennent alourdir la longue liste des violences auxquelles doivent faire face les femmes pendant le confinement.

En cette période où les hôpitaux sont surchargés et les personnels soignants débordés, un droit fondamental des femmes est menacé, c’est celui des Interventions Volontaires de Grossesse. Le secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes avait diffusé un communiqué de presse, le 23 mars dernier qui affirmait : “Les interruptions de grossesse sont considérées comme des interventions urgentes par le Ministère des Solidarités et de la Santé. Leur continuité doit être assurée.” Une annonce rassurante sur le papier mais qui se présente plus compliquée dans la réalité. En effet, la saturation des hôpitaux fait craindre un recul du droit à l’avortement alors même qu’un amendement visant à allonger le délai légal de l’IVG le temps du confinement a été rejeté au Sénat.

A la maison, on constate un alourdissement de la charge mentale avec la multiplication des tâches domestiques : ménage, courses, repas, rangement, gestion des enfants, école à la maison, … Et cette charge mentale pèse encore majoritairement sur les épaules des femmes. Pour les familles monoparentales (majoritairement des femmes là encore), la charge s’alourdit avec les menaces d’une pension alimentaire réduite ou même non versées. A cela s’ajoutent les injonctions pour les femmes à rester désirables malgré le confinement par l’apparition de publications sexistes qui s’inquiètent de possibles prises de poids, de l’absence des coiffeurs et autres esthéticiennes.

On le voit, les femmes sont majoritairement en première ligne dans cet épisode de pandémie alors même que la gestion de la crise est prise en charge par des hommes. L’après crise sera peut-être le moment d’une prise de conscience de l’importance de l’égalité femmes – hommes et de la mise en place de moyens dans le traitement des victimes de violences et dans bien d’autres domaines tel que la santé par exemple. On ne peut plus sacrifier nos droits si durement acquis au bénéfice du profit de quelques-uns.

1 réflexion au sujet de « Les femmes, premières victimes de la crise sanitaire »

  1. Tout est dit ma grande J’aime bien ta conclusion: “On ne peut plus sacrifier nos droits si durement acquis au bénéfice du profit de quelques-uns.” je te la pique???

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