Sur le pont camarade

L’affaire Peiper de Roger Martin (Dagorno 1994)

C’est peut être la casquette du préfet Lallement

C’est peut être les nombreuses plaintes remontant de banlieues pour faire état de violences policières à l’égard de leurs habitants confinés.

C’est peut être la mansuétude de ces mêmes policiers – sous injonctions préfectorales – à l’égard des fidèles de St Nicolas de Chardonnet, paroisse traditionaliste, qui ont célébré la messe de Pâques en plein confinement et cela m’a fait penser à Touvier, milicien condamné à mort par contumace après guerre, caché par des réseaux catholiques jusqu’en 1989, un temps gracié par Pompidou, et dont on a peine à penser qu’il n’ait jamais bénéficié d’une complicité silencieuse dans la haute administration française pour que sa cavale soit aussi longue.

C’est peut être les propos de ce policier « les bicots ça ne sait pas nager » ce 26 avril au soir à l’endroit même où la police de Papon avait (permis) la noyade d’Algériens du FLN le 17 octobre1961.

Toujours est-il que je suis retombé dans ma bibliothèque sur l’excellent « Affaire Peiper » de Roger Martin et que j’ai eu envie de le lire.

Peiper était un colonel Waffen SS du régiment de blindé Leibstandarte Adolf Hitler ayant officié à l’Est comme à l’Ouest.

Il est condamné à mort au procès de Dachau en 1946.

Les USA voulant se garder d’une justice expéditive, le procès de Dachau va de révision en révision.

Dix ans plus tard, il est gracié : en pleine guerre froide, il apparaît plus pertinent de faire preuve de mansuétude à l’égard des anciens vaincus. Surtout qu’une campagne de presse revient sur ses faits de guerre (indéniables) et le dépeint comme un héros victime de la situation géopolitique.

Joachim Pieper sort de prison en 1956. Il occupe divers postes en Allemagne chez Porsche et Volklswagen puis comme traducteur. Il est responsable de HIAG amicale d’ancien de la Waffen SS

Il se retire en France en 1972 à Traves en Haute Saône jusqu’à ce que le 22 juin 1976 l’Humanité fasse paraître un article titré « Qui protège les criminels de guerre ? »

Le 13 juillet 1976 un incendie criminel ravage sa maison. On y retrouvera le lendemain un cadavre calciné de 80 cm qui ne sera jamais formellement identifié, et très opportunément à côté de la maison incendiée, un tiroir contenant les papiers d’assurances indispensables à l’établissement du dossier pension, retraite et remboursement nécessaire à son épouse. Le cadavre était-il celui de Pieper ? Si oui, qui sont les criminels ? D’anciens FTP, communistes qui se font justice eux-même, une bande de jeunes fiers à bras, une agence d’espionnage (le KGB? la CIA ?) qui aurait retourné Pieper et s’en serait débarrassé ? Et dans tout ça, quel est le rôle de Ketelhut, son voisin, ami allemand, qui prendra la poudre d’escampette le surlendemain du drame ?

Pourquoi l’enquête n’élucidera jamais cet incendie ? Qui sont ces terroristes qui plastiquent, incendient et taguent de 79 à mai 81 les maisons et lieux de travail de ceux qui ont “levé ” la présence du colonel de la Waffen SS sur le territoire français ? En tout cas, il est sûr que la justice et la police n’en feront pas une priorité.

Roger Martin écrit ce livre en 1994, il revient sur le contexte de l’Affaire Peiper, les enquêtes policières et journalistiques ainsi que leurs failles. Affaire qu’il croise brillamment avec le parcours de sang et les crimes commis par le régiment de l’officier de la Waffen SS, détachés en 38 à l’état major de Himmler, son procès après guerre et sa vie dans la République Fédérale Allemande jusqu’en 1972.

A lire.

G. E

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