Sur le pont camarade

EMPLOIS: l’hécatombe.

Lors de la période précédant une pandémie, le virus est déjà présent. Si les conditions sont remplies, il commence à se transmettre, à circuler, puis les premiers malades apparaissent et le nombre des morts se multiplie. Si la pandémie n’est pas maitrisée ce peut-être une hécatombe. Au plan économique, avec la crise sanitaire, nous en sommes où le nombre des destructions d’emploi se multiplie. Si la crise économique et sociale n’est pas maitrisée ce peut-être une hécatombe d’emplois au final.

Lorsque l’on regarde la carte de France des plans sociaux et des fermetures d’entreprises (l’Humanité du 6/01/2021) le constat est effrayant. Dans tous les secteurs, ceux touchés par la crise, l’automobile, l’aéronautique, la restauration, l’habillement, les loisirs, la culture bien sûr, mais aussi (surprise ?) des secteurs qui n’ont pas été touchés par la crise comme l’alimentation ou la santé. On peut citer de grandes entreprises comme Renault, PSA, Michelin, Bosh, Hutchinson, Airbus, Air France, Général Electric, Cargill, Damart, Conforama, Auchan, Sanofi. On ne peut pas toute les nommer et la liste s’allonge de jour en jour. A cette liste s’ajoutent les milliers de petites et moyennes entreprises qui sont à l’arrêt et dont certaines ne rouvriront pas. A côté de véritables risques de faillites pour de nombreuses entreprises, il est évident que certaines y voient une opportunité pour licencier et accroitre leurs profits. https://www.humanite.fr/troisieme-vague-sociale-la-carte-des-licenciements-les-mesures-pour-limiter-la-casse-698295

Rien que pour le Vaucluse, Auchan, Boiron, Eurenco, Alinéa, Ikéa, réduisent leurs effectifs ou procèdent à des fermetures de site. Bien sûr la restauration l’hôtellerie, les loisirs, le tourisme, avec une mention particulière pour la culture sont gravement sinistrés avec les milliers de nouveaux chômeurs partiel ou total.

A la CGT 84 on constate l’afflux de salariés en grande difficulté, l’explosion des plans sociaux (qui n’ont rien de sociaux). Les conseillers salariés de la CGT sont 5 à 6 fois plus sollicités qu’avant le début de la crise pour des entretiens avec des patrons, entretiens obligatoires qui précèdent le licenciement.

Personne ne peut aujourd’hui nous dire à quel moment la crise sanitaire sera terminée, dans quel état social et économique sera notre pays et s’il sera en capacité de se relever.

Après le constat et les perspectives venons-en à l’analyse et aux solutions.

D’abord cette crise sanitaire puis économique ne survient pas dans un contexte de prospérité générale, de dynamisme économique, de créations d’emplois, de justice sociale. Au contraire, le capitalisme financier, l’ultralibéralisme, le libre échange débridé, mis en œuvre à quelques nuances près par les gouvernements successifs sur injonction de l’Europe, ont sapé, affaibli, fragilisé le socle économique et social bâti au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, la France avec une industrie forte, une recherche efficace, une économie saine, un contrat social solide, c’est du passé, ce n’est plus qu’un souvenir. Par exemple 530 000 emplois productifs industriels ont été supprimés en France entre 2006 et 2015 (source INSEE). Ces emplois ont été délocalisés, pas qu’en Chine mais aussi beaucoup en Europe de l’est, vers des pays à bas coût salariaux. Les services publics solides et efficaces, l’Hôpital, l’école, la recherche, l’université, l’énergie, les transports, le logement, ont été rabotés affaiblis ou tout simplement bradés au privé. Le délabrement de la santé (hôpital, médecine de ville, psychiatrie) est aujourd’hui une évidence subie par nos concitoyens. La crise sanitaire a été un révélateur de cette politique : pénurie de lits de réanimation, pénurie de soignants, pénurie de masque et aujourd’hui et demain pénurie de vaccin. A ce sujet le fleuron français de l’industrie pharmaceutique français SANOFI s’avère incapable de fournir un vaccin dans des délais raisonnables (contrairement à CUBA). Mais il ne faut pas s’en étonner puisque SANOFI, encore plus que ses concurrents a fait le choix des dividendes au détriment de la recherche (SANOFI envisage de fermer son usine d’ARAMON) et ceci malgré le flot d’argent public qu’il reçoit.

En fait la crise sanitaire que nous subissons apparait comme un révélateur puissant des effets néfastes de la mise en œuvre des politiques au service exclusif du capital, de la finance, des profits, de la classe de ceux qui aujourd’hui dirigent le monde, détournent et captent les richesses produites par les peuples.

Notre brillant ministre de l’économie a distribué des milliards d’argent public aux entreprises privés sans contrepartie de sauvegarde des emplois. Le gouvernement a fait le choix avec la commission européenne de soutenir les cours de la bourse (qui se sont très bien tenus jusqu’à présent) en partant du principe (la fameuse théorie du ruissellement) que les profits d’aujourd’hui seront les emplois de demain. La réalité et Marx l’a bien démontré (et les cours de la bourse aussi) c’est que ce sont les réductions d’emplois, la précarité, les bas salaires, l’augmentation du temps de travail qui feront les profits de demain.

Mr Bruno Le Maire que le doute ne semble pas effleurer nous a donné sa recette en trois points pour redresser le pays au lendemain de la crise, réduire la dette et les déficits :

1° – Aide aux entreprises (aux patrons et aux actionnaires).

2ième -Redressement des comptes publics. Donc poursuite des politiques d’austérité.

3ième -Réformes structurelles. En particulier les retraites avec un allongement de la durée du temps de travail et de cotisation (pour ceux qui en auront encore un).

Voyez-vous une différence d’avec le monde d’avant ? Moi pas.

Rappelons nous qu’un capitalisme vert, juste et généreux, c’est comme un lion végétarien : ça n’existe pas. Par contre « les eaux glacées du calcul égoïste » pour reprendre la fameuse formule de Marx et Engels sont bien une réalité dans lesquelles, si nous ne réagissons pas, notre société risque de se noyer.

JFM

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