Sur le pont camarade

3. les confiné.e.s exigent l’égalité !

La crise sanitaire révèle les profondes inégalités de notre société et les aggrave pour des millions de nos concitoyen·ne·s, des précaires et des plus pauvres, en premier lieu des sans-abri ou des personnes dont l’habitat est insalubre, des personnes en mauvaise santé ou handicapées, des victimes de violences intrafamiliales ou encore des réfugié·e·s.

Certes l’épidémie contribue d’une certaine façon à rassembler notre société : toute personne, quelle que soit sa classe sociale, peut être infectée et les catégories aisées, habituées à une sécurité, se retrouvent en proie à une inquiétude que vivent au quotidien les catégories populaires. Cependant les inégalités restent fortes : le confinement d’une famille populaire nombreuse dans un logement en étage n’a rien à voir avec celui d’une famille aisée dans une grande maison avec de larges espaces extérieurs privés.

À la dureté du confinement, s’ajoute pour de nombreux concitoyen·ne·s une aggravation importante de leurs difficultés financières. Plus grave encore, les personnes sans hébergement sont extrêmement exposées car elles n’ont pas la possibilité de se confiner et ont un accès dégradé aux produits d’hygiène pour se protéger du virus. Les femmes et les enfants victimes de violences sont également en danger. Dans cette situation, le Défenseur des droits doit être auditionné régulièrement à l’Assemblée nationale afin de s’assurer du respect des droits fondamentaux durant l’état d’urgence sanitaire.

Nous proposons de mettre en place d’un dispositif exceptionnel de soutien au pouvoir d’achat pendant toute la période du confinement. Pour tous les résidents sur le territoire, nous proposons le blocage des prix de l’eau, du gaz, de l’électricité, des tarifs des télécommunications, des assurances ; la suppression de la TVA pour les produits de première nécessité ; l’accès gratuit au système de santé et aux transports en commun. Sous conditions de ressources, doit pouvoir être proposé un gel des loyers et du remboursement des emprunts bancaires. Enfin, pour les personnes les plus en difficulté, nous proposons le versement d’une allocation exceptionnelle.

Nous demandons la réquisition des chambres d’hôtel et meublés touristiques pour l’hébergement d’urgence dans des conditions sanitaires adaptées pour les sans domicile fixe, les personnes dont l’habitat est insalubre ou résidant en hébergement collectif, les victimes de violences intrafamiliales et les réfugié·e·s. Les centres de rétention administrative doivent êtres fermés au profit de l’ouverture des places ainsi réquisitionnées et tou·te·s les réfugié·e·s doivent être régularisé·e·s.

Le secteur associatif, dont l’action est essentielle pour la réduction des inégalités, doit bénéficier d’une revalorisation immédiate des subventions qui lui sont attribuées.

D’autres inégalités sont particulièrement fortes dans cette période de confinement. C’est le cas de la participation à la vie culturelle et à l’information, mais également de la possibilité d’assurer une continuité pédagogique dans l’éducation des enfants. Cette période doit voir se développer des mesures de lutte contre inégalités d’accès aux œuvres, aux savoirs ou d’accès aux outils numériques pour la formation à distance.

Nous proposons de garantir l’égalité de traitement des élèves en réservant exclusivement la période de confinement aux révisions et à la consolidation des acquis et en reportant toute évaluation. Les épreuves finales du baccalauréat doivent être maintenues, si les conditions sanitaires sont réunies, et être aménagées pour permettre à toutes et tous de réussir en n’ayant traité qu’une partie du programme. Nous proposons également la suspension de la campagne « Parcoursup ».

Garantir au mieux l’accès à l’information pluraliste, dans cette période intense marquée par le confinement est un enjeu crucial. Nous demandons l’octroi d’une subvention exceptionnelle à la presse écrite régionale et nationale fortement impactée, alors que beaucoup de titres se trouvaient dans une situation déjà difficile. Cette subvention pourrait comprendre des bonifications en fonction de mesures de gratuité exceptionnelles permettant aux citoyennes et citoyens non seulement de s’informer, mais aussi de renforcer un lien indispensable avec la presse.

L’audiovisuel public pourrait également s’attacher à la diffusion de programmes scolaires et de contenus pédagogiques, mais aussi à développer une proposition culturelle plus intense pour toutes les générations, à l’antenne comme sur internet.

En temps de crise également, la culture demeure une respiration vitale, comme le montre le foisonnement créatif qui surgit malgré les contraintes. Mais cette crise est violente pour le monde de la culture. Nous demandons la création d’un fonds de soutien au secteur culturel, en lien avec les collectivités locales, d’un fonds d’indemnisation des salarié·e·s du secteur culturel dont les situations ne seront pas couvertes par les mesures prises. Les collectivités et structures conventionnées doivent maintenir le paiement des contrats passés avec les acteurs culturels empêchés de se produire, pour leur permettre de préparer l’avenir en s’appuyant sur le travail de création engagé. Pour les intermittent·e·s, il convient de baisser le quota d’heures nécessaires à toucher les indemnités et de geler la période s’étalant des premières annulations de spectacles jusqu’à la reprise totale des activités culturelles.

Pour les jours d’après, cette crise montre l’urgence de la lutte contre l’exclusion, du combat pour l’éradication de la pauvreté et de la précarité. C’est essentiel pour le respect des droits fondamentaux de chaque être humain et parce qu’en matière sanitaire comme plus généralement, la réduction des inégalités profite à toute la société. Cette crise montre également l’importance du développement de services publics. La création, l’enseignement, la recherche, l’information, la communication, les loisirs, le sport, la santé… nous disent clairement la nécessaire avancée vers un monde où l’humain sera la richesse décisive.

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