Sur le pont camarade

Électricité : bilan carbone et réseau.

  •  L’énergie consommée d’origine électrique représente 15 % de l’énergie consommée en France.

Ces 15 % accaparent une part essentielle du débat sur la transition énergétique. On mesure en effet comme positif l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production électrique. Pourtant les énergies renouvelables ne sont pas les seules à présenter un bon bilan carbone.

Voici un tableau récapitulatif du bilan carbone des différentes énergies
dans le bilan électrique. (les chiffres et autres diagrammes et figures
de cet article sont tous tirés d’électricitymap)

Biomasse 230 g CO2eq/KWh
Charbon 820 g CO2eq/KWh
Gaz 490 g CO2eq/KWh
Nucléaire 12 g CO2eq/KWh
éolien 11 g CO2eq/KWh
Solaire 45 g CO2eq/KWh
Hydro 24 g CO2eq/KWh
Stockage hydro 48 g CO2eq/KWh

Comme on le voit, le nucléaire a un bon bilan carbone. Il a cependant mauvaise presse : les catastrophes Tchernobyl et Fukushima sont passées par là. Et il a fait (et fait toujours l’objet d’un âpre débat) sous l’impulsion historique des Verts. La lutte contre le nucléaire est au cœur de leur constitution dans les années 80 et ce sera depuis pour eux un combat jamais démenti. On pourrait dire la même chose de LFI – même si c’est bien plus récent. Celle-ci se choisira pour première campagne nationale, hors élection, un référendum contre le nucléaire, utilisant là volontairement un marqueur de l’écologie politique.

Ces prises de positions se sont caractérisées par un soutien à la libéralisation du marché de l’énergie, tant le monopôle public de l’énergie, nucléocrate patent, était honnis. En promouvant des sociétés coopératives tel Enercoop, spécialisée d’abord dans l’achat revente de KWH propre, et mettant au cœur de leur discours le citoyen consommateur, ils ont été acteur du démantèlement du service public de l’énergie (brèche dans laquelle se sont engouffrées les multinationales du gaz et du pétrole) et ont occulté le sujet écologique majeur : le réchauffement climatique.

A tel point qu’un sondage BVA du 26 juin 2019, nous indique que pour 69 % des personnes interrogées le nucléaire participe au réchauffement climatique.

Dans ces débats, ce qui fait un réseau électrique est constamment occulté.

Parce qu’un réseau électrique doit être stable et pour être stable, il faut qu’à tout moment que la production égale la consommation.

Pour cela, il faut des “énergies pilotables” c’est à dire des énergies qu’on mobilise à volonté. Aujourd’hui, en l’état actuel de nos avancées techniques et  connaissances, il n’y en a que trois : le (charbon/pétrole/gaz) qui émettent du CO2, le nucléaire qui n’en émet pas et l’hydraulique qui n’en émet pas non plus mais dont la production est physiquement  plafonnée.

  • Militer pour les énergies renouvelables intermittentes c’est donc aujourd’hui militer pour les énergies renouvelables intermittentes + une énergie pilotable qui compense l’intermittence. Et si ce n’est le nucléaire, c’est donc le charbon qui participe au réchauffement climatique.
L‘exemple du 1er mai

On peut le constater avec l’exemple allemand qui mise sur une transition énergétique électrique basée sur l’éolien et le solaire au dépend du nucléaire. On remarque ainsi que le 1er mai entre 12h45 et 21h 30, l’intensité de carbone de l’électricité produite varie de 148 g CO2eq/KWh CO2 à 272 g CO2eq/KWh et que le pourcentage de bas carbone de celle-ci diminue de 86 % à 67 %, quand bien même la production totale diminue.

Si on récapitule, on se rend compte des augmentations sensibles de l’électricité généré par le stockage hydraulique (on remonte de l’eau dans les barrages en journée et on s’en sert la nuit pour produire de l’électricité : cela représente une variation de 5.92 GW tout de même) mais aussi de celle produite par les centrales à charbon (+2 GW) et au gaz (+1.8 GW)

L’autre moyen d’assurer la stabilité du réseau allemand est l’interconnexion du réseau européen. Le 1er mai  l’Allemagne exporte 8, 56 GW d’une énergie verte abondante pour en importer 5,64 MW quelques heures plus tard.(dont 3.12 GW d’électricité nucléaire française.)

Autre exemple : le 3 mai, un jour sans vent

Les moyens pilotables prennent d’autant plus d’importance les jours sans vent. Ainsi le 3 mai. L’intensité de carbone de l’électricité produite varie de 186 g à 386 gCO2/ KWh.

La proportion d’électricité générée par le gaz et le charbon dans le mix énergétique allemand varie de 15.9 % à 29.5 %. passant de 8, 08GW à 14.06 GW entre 12h45 et 21h

Le 19 avril : l’importance de l’interconnexion de réseau européen.

Le 19 avril entre 16h et 21h, en cette période de confinement, consommation particulièrement basse, c’est le réseau européen qui permet de faire face à l’intermittence du solaire. L’Allemagne exporte 13,54 GW à 16h et elle n’en exporte plus que 1.24 GW à 21h.

C’est l’inverse du cas français, qui voit son bilan en journée impacté par l’importation forcée de l’électricité renouvelable. En effet sur le réseau européen, les énergies renouvelables étant prioritaire, la France diminue sa production pilotable nucléaire bas carbone pour pouvoir absorber l’électricité renouvelable de ses voisins européens.

Elle en importe ainsi 2,38 GW d’Allemagne avec un bilan de 140g CO2/KMWh à 16h (à des prix négatifs?!)

Elle en exporte 2,81 GW à 21h… lorsqu’il n’y a plus de soleil pour alimenter les panneaux photovoltaïques avec un bilan de 26 g CO2 /KMWh.

Au total, la production électrique d’origine nucléaire – pilotable- en France passe de 27.3 GW à 34.6 GW (+ 7.3 GW !!!) et une partie est exportée en Allemagne, en Belgique, en Suisse et au Royaume-Uni. 

Note : nous sommes en période de confinement. L’énergie électrique consommée est 20 % inférieure à ce qu’elle est habituellement à la même époque. Les ENRI étant prioritaires sur le réseau, ce sont les générateurs fonctionnant au gaz et au charbon qui sont les moins sollicités. Nous avons donc ici des bilans plus “propres”  qu’à l’habituel. L’autre particularité de ce 19 avril, est un vent d’est  et un bon ensoleillement partout en Europe. La situation est assez exceptionnelle : l’électricité issue des ENRI est particulièrement abondante, d’où des tarifs négatifs (source : site de RTE).

Mais ne le nions pas : le nucléaire est une énergie dangereuse. Les accidents nucléaires de Tchernobyl et Fukushima sont là pour nous le rappeler. La gestion des déchets ultimes à longue durée de vie est compliquée et les solutions préconisées toujours pas mises en œuvre. Pour autant, si nous considérons le réchauffement climatique comme une urgence écologique, le nucléaire reste un atout. Étant une énergie bas carbone, elle permettrait d’amortir une transition énergétique qui doit nous faire sortir de l’air du pétrole et du charbon.

Au Parti Communiste, nous considérons prioritaire la sortie de l’énergie mortifère  du XIXème siècle, à savoir le charbon et le pétrole. Ceux-ci tuent bien plus sûrement – sur les chantiers d’exploitations et par les émissions de particules fines – que le nucléaire. Et cette énergie est responsable du rejet de CO2 qui participe au réchauffement climatique.

Le PCF revendique :

  • Un Watt propre est un watt qu’on ne consomme pas. Promouvons la sobriété énergétique d’abord dans le transport, le logement et l’agriculture. L’électricité ne représente que 15 % de l’énergie totale consommée !
  • Un mix électrique comprenant le nucléaire jusqu’à ce que la recherche trouve une énergie non dangereuse ou un moyen de stocker l’énergie pour compenser l’intermittence des ENR.

  • Un véritable pôle public de l’énergie.

JDB

1 réflexion au sujet de « Électricité : bilan carbone et réseau. »

  1. merci pour cet article un peu technique mais très édifiant, la preuve par les chiffres est toujours la meilleure : l’écologie est l’affaire d’une politique énergétique globale, européenne pour le moins. Les petits gestes individuels ne suffirons pas à sauver la planète, dans l’histoire du “colibri” (je fais ma part), la forêt brûle quand même.

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.