Vous avez pu constater la fermeture de votre laboratoire du lundi 9 janvier au dimanche 15 janvier en raison d’un mouvement de mobilisation de l’ensemble du secteur de la biologie médicale contre le projet de loi du Gouvernement.
Les biologistes refusent les baisses de tarifs proposées par l’Assurance maladie. Un compromis a été trouvé pour l’année 2023, à hauteur de 250 millions d’euros comme exigé par le gouvernement, mais la négociation bloque sur la période 2024-2026, pour laquelle les syndicats ont fixé leur ligne rouge à 145 millions par an.
Le soin est un sujet politique et de politique publique.
Bien que la loi affiche la volonté de rembourser les soins et actes médicaux de 80 à 85% de nombreux soins ne dépassent pas 40% du prix payé par les malades. Le taux de remboursement dépend de la capacité des caisses à négocier des prix avec les producteurs de soins. Les prix ne sont pas décidés par l’État, ils résultent d’une négociation entre les caisses et les professionnels qui font l’objet de contrats collectifs appelées conventions.
La pandémie a révélé les failles de deux secteurs associés à la médecine : l’industrie pharmaceutique et les laboratoires d’analyse médicale.
Nous nous concentrerons sur les laboratoires même si des similitudes sont apparentes avec l’industrie du médicament.
Après les médecins qui veulent doubler leur consultation sans accepter de contreparties d’aucunes sortes, les laboratoires se lancent dans une drôle de grève. S’agit-il d’une « nécessaire » grève de professionnels libéraux qui défendent leurs intérêts au moment du vote du budget de la Sécurité sociale ? Au-delà de pétitions mis en ligne comment sont considérés les usagers du système de soins ?
Des doutes s’installent.
Pour comprendre, il convient de faire un retour sur ce mouvement et de revenir sur l’histoire de ce secteur et sur la financiarisation des laboratoires privés de biologie médicale. (LBM)
En quelques mots, nous sommes passés de laboratoires de quartier à des multinationales comme le titre « Le monde diplomatique de janvier 2023 ».
La situation dramatique de l’hôpital public d’Avignon et de larges pans du système de soins focalise l’attention médiatique et militante. Pendant ce temps, le secteur privé à but lucratif se développe dans le confort offert par la permanence des financements de la sécurité sociale. Le capital se déploie dans des structures aussi diverses que les cliniques, les Ehpad ou les laboratoires d’analyse médicales.
La présence du capital dans ces secteurs n’est pas nouvelle, la nouveauté est l’ampleur du phénomène. Cette transformation s’appuie sur la politique actuelle qui vise à limiter les capacités publiques du production du soin.
Le cas des laboratoires d’analyses médicales est éclairant sur la transition entre le modèle libéral et le modèle capitaliste. Il a connu une transformation très rapide ces dernières années. En 2021, 7 groupes contrôlent 92% du secteur.
De l’argent ces groupes en ont gagné en enregistrant des augmentations de chiffre d’affaires de l’ordre de 30% à 40%. Ces grèves sont surtout organisées par les directions de groupes financiers, bien décidées à user de leur pouvoir et à défendre leurs marges. La cotisation sociale est perçue comme une rente très lucrative.
Au-delà des visions partisanes, une véritable régulation médicalisée devrait partir d’une évaluation des besoins de santé au plus près du terrain. Elle appelle la concertation et la contribution des acteurs pour la construction de procédures de régulation.
Pour Avignon, construire un système de santé réellement solidaire, préventif, favorisant l’accès précoce aux soins, coordonné, et efficace avec un meilleur suivi du malade et de meilleurs résultats de santé est accessible.
Sortons des visions régressives de notre modèle social.
Proposons une refonte dynamique et efficace socialement du financement du système de protection sociale.
Construisons des alternatives en rupture avec la logique libérale et capitalistique.