Sur le pont camarade

27 mai : hommage aux Résistants cheminots des Rotondes, 9 avenue de la Croix des Oiseaux.

« Passants, retiens les noms des cheminots morts pour ta liberté » est écrit sur une stèle élevée par le syndicat des cheminots de Veynes en face de la gare.

Cette phrase est notre. Le syndicat des cheminots d’Avignon, l’Association Nationale des Cheminots Anciens Combattants (ANCAC), le Comité Vaucluse du mouvement de la Paix et la Fédération PCF du Vaucluse vous ont convié à un devoir de mémoire ce samedi 27 mai journée nationale de la résistance pour honorer cet acte de résistance des cheminots d’Avignon.

Né de la volonté ardente de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée. Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations de la nation, que la France retrouvera son équilibre normal et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité.

Alors pourquoi se souvenir ?

Citons la parole du poète et Résistant, Jean MARCENAC : « Événement majeur de notre histoire, la Résistance n’est pas seulement l’affaire de ceux qui la vécurent, y participèrent, l’organisèrent. Bien au-delà du souvenir, elle continue de génération en génération, à dispenser à tous son lucide enseignement.

Cet événement majeur réclame un moment fort au cours duquel chacun puisse, non seulement l’honorer et le célébrer mais avant tout le comprendre ! Incessante pédagogie de l’espoir, la Résistance reste à l’œuvre dans la mémoire collective des Français. Elle est une des forces profondes qui structurent notre durée, proclament notre passion de la liberté et donnent un sens véritable à notre héritage ».

La dernière guerre mondiale a été très meurtrière pour les agents de la S.N.C.F. Beaucoup d’entre eux ont payé de leur vie un engagement dans la résistance.

Parmi les fait les plus marquants dans le Vaucluse se trouve l’attentat perpétré par la résistance au dépôt d’Avignon le 19 février 1944…

Faisons appel aux historiens

Entre janvier, février et mars 1944 des actions plus “musclées” sont réalisées. Les réseaux de résistance sont désormais structurés entraînés et armés. Le 17 janvier, des tracts (CGT et PCF Vaucluse) appelant au sabotages massifs, sont distribués. En janvier, les partisans du dépôt d’Avignon attaquent à la bombe un train de troupe en gare de Graveson.

Le pont tournant de la rotonde Nord d’Avignon est à nouveau visé. L’action permet d’immobiliser 30 heures durant, une vingtaine de Pacific. Le pont tournant est tellement endommagé qu’il doit être remplacé durant le temps de sa réparation.

Les cheminots francs-tireurs et partisans français (F.T.P.F.) du dépôt possèdent aussi divers contacts avec les autres groupes de maquisards dont ceux de la Drôme et du Ventoux. Il faut à tout prix retarder l’acheminement du matériel. Il s’agit pour les résistants du dépôt de faire sauter les machines garées pour freiner l’action Allemande en diminuant ses moyens de déplacement. 

Activons pour quelques instants notre imagination… Nous sommes en 1944, l’occupant est omniprésent. Des hommes pourtant -ceux dont les noms sont inscrits devant nous- ont choisi la clandestinité et la lutte armée contre l’envahisseur. Nous pouvons donc imaginer des hommes se réunissant, au mépris du danger. Ils ne sont certainement pas tous cheminots, (bien que le groupe F.T.P cheminot comprenne 50 personnes) mais une telle opération ne peut être conçue sans une complicité parmi le personnel du dépôt. Il faut se rencontrer à plusieurs reprises pour préparer l’action avec soin et choisir des “relais” locaux tout à fait sûrs. 

Ces hommes ont donné leur vie pour que vive la France. Plusieurs rues, places et impasses du quartier des rotondes portent leur nom en remerciement de leur sacrifice.

A l’heure où l’extrême droite se voit autorisée à défiler dans les rues de Paris, il est indispensable de resserrer les rangs de tous les défenseurs de la démocratie, des libertés publiques et privées, de tous ceux qui récusent le racisme et l’antisémitisme, qui combattent les inégalités sociales et sociétales.

Raymond Aubrac -grande figure de la résistance- âgé de 95 ans expliquait « La résistance c’est utile pour faire des choix indispensable pour l’avenir et cela transporte des valeurs. Les valeurs de la résistance ce n’est pas autre chose que les valeurs de la République : Liberté, égalité et Fraternité. »

Soyons donc porteurs de cette culture de la paix, engageons-nous plus résolument encore dans les actions, initiatives et mouvements pour la paix ! Cet engagement pacifiste de résistance n’est pas l’apanage des seuls.es communistes, il nous permet de convaincre du lien entre la lutte pour la paix et la lutte pour changer la société.

Alain Grangé

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