Le 21 janvier 2022, a eu lieu la séance inaugurale de l’Université communiste d’Avignon et du Vaucluse. C’est l’occasion de se poser la question : pourquoi la section d’Avignon a-t-elle lancé ce projet ?
Le rôle d’un parti
Former. C’est le premier rôle d’un parti politique. Et j’ai envie d’ajouter : particulièrement celui d’un parti communiste. Parce que la formation, c’est toujours la mise en commun d’un savoir, d’une culture. Être membre d’un parti, c’est, ainsi, bénéficier d’une formation, de ces transferts de savoir qui constituent sans doute ce qui est le plus important dans la vie militante. Parce que militer, c’est communiquer aux autres le savoir dont on est porteur, afin que ce savoir soit le plus répandu qu’il est possible dans l’espace public.
Apprendre. Le mot « former », l’idée de formation ont été galvaudés, à force d’être employés à tort et à travers. Tous les métiers, tous les engagements politiques, toutes les activités sociales commencent par de la formation. Mais ce mot, « formation », a été répandu après avoir été conçu dans le domaine de la formation professionnelle. La formation a commencé à montrer le bout de son nez quand la crise du chômage a commence à poindre, et elle est devenue urgenta aujourd’hui, d’abord parce que les travailleuses et les travailleurs, souvent, n’ont pas pu en bénéficier et se trouvent, après coup, sans la formation qui leur permettrait de trouver un emploi et d’adapter leur savoir aux emplois qui pourraient leur être proposés. Mais surtout se former a remplacé cet autre mot, sans doute plus ancien : apprendre. Apprendre, c’est transmettre une culture et l’acquérir. Il s’agit de quelque chose de plus large, de plus étendu que la formation. Apprendre, ce n’est pas seulement figurer, à une place ou à une autre dans la transmission d’un savoir, c’est contribuer à l’évolution de ce savoir. Ce n’est, d’ailleurs, pas un hasard si le même mot, apprendre, désigne le fait de transmettre un savoir et le fait d’acquérir.
Et donc le rôle d’un parti, c’est d’apprendre la politique et les idées dont elle se nourrit. Le rôle d’un parti communiste, comme le nôtre, c’est de transmettre les idées du communisme, mais c’est aussi, grâce à elles, transmettre le projet communiste, le faire partager aux autres. Mais encre faut-il, pour cela, être soi-même porteur des mots et des idées qui font ce projet. C’est pour cela, pour que le parti retrouve, ainsi, son rôle d’apprendre, que nous avons imaginé cette « université communiste ».
Le rôle d’une université
Nous n’avons pas intitulé par hasard ce projet « université communiste ». Nous ne lui avons pas donné ce nom parce que nous trouvions que cela faisait joli, que c’était une belle musique de mots. Encore que cela compte tout de même : l’esthétique joue un grand rôle dans le projet communiste. Mais nous avons fondé une université communiste, parce qu’une université, ce n’est pas seulement un espace de transmission de savoir. Une université, d’abord, c’est une ouverture sur l’univers, sur le monde. Une université, c’est un lieu dans lequel nous ouvrons les yeux sur le monde qui nous entour, sur le monde que nous habitons, dont nous sommes un acteur. Au fond, derrière cette idée d’université communiste, il y a l’une des idées capitales lors de la naissance du mouvement communiste : l’internationalisation.
Une université, c’est un lieu politique dans lequel toutes les nations se côtoient, dialoguent entre elles, par des échanges d’informations, par des dialogues entre des acteurs engagés, par de la parole ouverte sur le monde. Ensuite, une université, c’est un lieu où l’on cherche, où le savoir que l’on transmet est aussi un savoir qui fonde de la recherche, autrement dit : qui contribue à définir le communisme de demain. Une université vit toujours dans le futur autant que dans le présent. Enfin, une université, c’est une mémoire : elle vit dans le présent et dans le futur, mais elle vit aussi en se tournant vers le passé pour se nourrir de la mémoire. Dans tous les pays, dans le monde entier, le mouvement communiste a une culture immense, faite de son histoire, car, après tout, il est un des partis politiques les plus anciens peut-être du monde. Notre université communiste aura aussi pour tâche de mettre en forme ce passé communiste, mais, au-delà, de formuler l’ancrage communiste dans ces trois temps.
Contribuer au renouveau de P.C.F. et à son renforcement
Cela se dit un peu partout, dans notre pays comme dans d’autres : les partis sont en crise. Et le P.C.F. n’échappe à cette tendance, ne nous voilons pas la face. Cet affaiblissement des partis tient notamment au fait qu’ile n’ont pas véritablement su formuler leur projet pour qu’il se renouvelle et qu’il puisse faire face aux enjeux de notre temps. Notre université va, ainsi, être un lieu dans lequel le communisme pourra se renouveler, trouver de nouveaux mots, imaginer de nouvelles idées, pour pleinement être en mesure de faire face aux défis qui sont devant nous – à commencer par ceux de la politique énergétique, de la politique sanitaire, de la politique internationale. Pour pouvoir répondre à ces défis, les militants du P.C.F. doit être pleinement outillés, et nous tenterons de leur permettre de l’être, à la fois en leur proposant des instruments culturels et en tentant de répondre aux questions qu’ils se posent, aujourd’hui.
Les mots du communisme
« Sur le Pont » invite tous les camarades d’Avignon et du Vaucluse nous rejoindre dans cette université.